Le 26 janvier 2023, les experts de l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM) faisaient le point sur ces méthodes. Si vous l’avez manqué :
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LES 2 TECHNIQUES RÉSUMÉES PAR LES EXPERTS
LA MÉDITATION permet plus de clarté et un apaisement des pensées trop envahissantes. Avec une conscience de soi plus précise : nos pensées, nos émotions et nos comportements peuvent alors être redirigés de façon plus aidante pour nous.
C’est un « entraînement mental » comparable à celui des sportifs, mais cette fois, au niveau cérébral. On est actif en MÉDITATION en mobilisant notre attention sur un objet de focalisation. Notre intention est aussi importante lorsque nous méditons pour une bonne mise en condition : il s’agit là de notre volonté de méditer, de nos attentes, de notre objectif. L’hyperfocalisation et la motivation amèneront ainsi une détente progressive avec la répétition.
Les régions du cerveau régulièrement sollicitées engendrent un meilleur vieillissement cérébral.
L’HYPNOSE est un processus de conscience non ordinaire (ou État de Conscience Modifié – EMC*) où il y a cette fois une focalisation de l’inconscient et de notre monde intérieur qui nous détache peu à peu de l’extérieur (phénomène de dissociation*) même si le conscient est présent mais en retrait. Tout le monde peut se mettre dans cet état naturel et accessible à tous. Notre analyse, notre jugement et notre esprit critique diminuent au profit de notre créativité, de l’accès à nos ressources* profondes (capacités, compétences, expériences, apprentissages). Il existe aussi un accès à notre mémoire plus facile et différent.
Même si le cerveau aime bien les répétitions, l’HYPNOSE permet d’obtenir des résultats plus rapidement et dans un cadre de soin, c’est une thérapie courte orientée vers un objectif de changement. En MÉDITATION, le but plus global est de passer d’un mode de vie (hyper)actif, stressant à un bien-être, un apaisement à l’aide d’un entraînement davantage régulier.
QUE DIT LA RECHERCHE ?
Dans les 2 techniques (HYPNOSE et MÉDITATION), on se familiarise avec l’expérience de ce que l’on vit dans son quotidien. A l’aide de ce recul, cette prise de conscience, on se rend compte de ses propres schémas et on change son rapport à soi, à son mental, aux autres. Nos pensées, émotions, comportements, réactions évoluent ensuite vers un schéma plus approprié.
La neuro imagerie ainsi que les techniques d’anesthésie ont apporté du crédit à l’HYPNOSE dans les années 90 même si Milton H. Erickson (psychiatre et psychologue Américain) a d’abord modernisé l’HYPNOSE médicale dès le début du 20ème siècle. Les études scientifiques se multiplient sur le sujet avec les essais cliniques et les expériences mesurables en laboratoire. Les effets sur la plasticité du cerveau et son bon vieillissement sont maintenant prouvés. La médecine s’intéresse plus particulièrement à l’utilisation de l’HYPNOSE pour soulager les douleurs, la dépression, les pensées intrusives à travers la régulation des pensées, des sensations, des émotions que cet outil génère. Les effets s’appliquent bien sûr à des applications bien plus vastes suivant l’objectif de changement désiré. L’imagerie montre une reconfiguration de certaines habitudes à travers une réorganisation fonctionnelle et anatomique du cerveau. Les effets positifs sont mesurables sur la variation des volumes de substance grise (lieu des opérations mentales) et de la substance blanche (meilleure connectivité) du cerveau. Les bénéfices sur le bien-être de la santé mentale des seniors sont alors clairement mis en évidence.
Quant à la MÉDITATION, depuis environ 40 ans, les effets bénéfiques sont également démontrés sur l’anxiété, les douleurs chroniques, les addictions, l’augmentation du bien-être en général. La plasticité du cerveau montre ici aussi des conséquences sur des capacités différentes. Le méditant a un meilleur contrôle cognitif avec une prise de conscience et une concentration optimisées. La bienveillance est une aptitude qui se développe aussi en pratiquant. Mieux contrôler son attention c’est arriver à choisir sur quoi on porte notre intérêt. On reconnaît alors une pensée sans rentrer dans la rumination, on devient observateur du processus. Ce qui constitue une protection dans la rechute en dépression. La capacité de recul libère l’emprise du mental que ce soit pour les pensées négatives ou pour les « pensées positives » liées à l’addiction et qui happent ce mental par des pensées séduisantes. Les méditants de plus de 60 ans ont une meilleure préservation de la structure de leur cerveau. La MÉDITATION c’est apprendre à « regarder le mental (flot de pensées) sans être pris dans la rivière ».
L’IMPACT SUR LA DOULEUR
L’HYPNOSE a beaucoup été utilisée en anesthésie et les études cliniques ont axé leur recherche sur ce point en particulier. Son utilisation au bloc évite l’anesthésie générale en augmentant le confort du patient, diminue la fatigue post-opératoire et stabilise les paramètres en cours de chirurgie (cardiaques, pulmonaires, moins de saignements, etc). Le patient a moins mal après l’opération, prend moins de médicaments et récupère plus tôt (reprise du travail). En hypno-sédation, une anesthésie locale et un peu de médication anti-douleur suffisent tandis que le patient reste « conscient » sous HYPNOSE. La perception de la douleur est grandement diminuée puisque le réseau de la douleur n’est pas activé dans le cerveau.
L’AUTO-HYPNOSE a fait ses preuves pour les douleurs chroniques, en oncologie également pour diminuer l’anxiété et la douleur. En général, cette pratique améliore la qualité de vie, celle du sommeil, favorise les pensées positives et diminue ou annule les peurs récidivantes.
En MÉDITATION, on s’entraîne à diriger l’attention ailleurs que sur la douleur, on défocalise. Il y a alors moins de souffrance à la douleur avec une forme d’acceptation pour vivre mieux la douleur chronique.
L’approche des 2 techniques pour la douleur est un peu différente. La MÉDITATION s’ouvre à l’expérience de la douleur telle qu’elle est sans exagération cognitive (pas d’amplification affective). On « reste sur la rive et on regarde la rivière sans rentrer dans le courant ». Il n’y a pas d’anticipation anxieuse de l’expérience de la douleur donc l’impact est plus faible après. Le signal de la douleur est plus fort (car non anticipé) mais part plus vite.
En HYPNOSE, il n’y a pas de pensée volontaire, pas de cognition. « On suit le courant, on se laisse aller dans le flot intérieur ». On vit l’expérience, les pensées intérieures, les émotions, les images internes et le signal de la douleur est bien moins fort voire inexistant. Il peut modifier même durablement ce rapport à la douleur chronique après la séance.
L’HYPNOSE ET LA MEDITATION EN METAPHORE
L’HYPNOSE peut augmenter la capacité de pleine présence dans ce que l’on fait en début de séance (pendant l’induction qui conduit à l’EMC). Mais après on est « pris dans le courant » tout en étant à la fois spectateur et acteur là où la MÉDITATION privilégie la position d’observateur, d’acceptation de ce qui se passe. Comme dit plus haut, la MEDITATION c’est « regarder le mental sans être pris dans la rivière ». En HYPNOSE on apprend finalement à « gérer », à « maîtriser » davantage, tout en prenant un chemin différent, plus utile pour nous.
Les 2 techniques permettent une clarté d’esprit. Et tout le monde peut méditer ou rentrer en HYPNOSE naturellement. Ensuite il y a une prise de conscience qu’il existe « une cascade de pensées » puis elle s’estompe. C’est comme un verre d’eau et de boue, plus on remue et moins on voit alors que si on laisse la boue se déposer, tout devient plus limpide.
LES LIMITES
Il existe quelques contre-indications à la pratique de l’HYPNOSE lorsqu’une personne n’est pas connectée à la réalité (états dissociatifs) et qu’elle est désorganisée. Certains chocs affectifs forts, des dépressions sévères, les traumatismes nécessitent en premier lieu un cadre médical et psychologique. La suggestibilité* (acceptation de ce que l’hypnopraticien nous suggère) est facilitée en HYPNOSE et le thérapeute doit être choisi avec soin. L’éthique d’un thérapeute sérieux est qu’il doit être capable de faire avec l’HYPNOSE ce qu’il saurait traiter hors HYPNOSE.
LA BONNE NOUVELLE
L’impact positif de la MÉDITATION, et par là même de l’HYPNOSE et de la SOPHRO RELAXATION (des EMC en général) sur la préservation des télomères* a été démontré. Ces télomères sont des marqueurs pour le vieillissement génétique et cellulaire, ce sont des sortes de capuchons qui protègent le bout des chromosomes (tels les capuchons présents au bout des lacets pour éviter qu’ils ne s’effilochent). La pratique des États de Conscience Modifiés permet de maintenir un âge cellulaire optimal tout en ralentissant son vieillissement.
EN BREF, utiliser ces techniques, c’est rajeunir !